Nous avons eu l’honneur d’accueillir le 19 mars un débat organisé par BPW à l’occasion de l’Equal pay day. Le thème principal portait sur la rémunération des femmes dans le milieu du sport professionnel. Des sportives professionnelles, ainsi que des acteurs du sport sont venus témoigner de leur expérience :

Erika Sauzeau, médaillée de bronze aux Jeux paralympiques de Tokyo en para-aviron

Valentine Roger, championne du monde de muay-thaï

Maylis Jeannest, responsable adjoint du pôle affaires générales & appui au pilotage à la DRAJES

Léandre Leber, journaliste et co-fondateur de Gazette Sports

Jean-Claude Ester, Délégué Départemental aux Droits des Femmes et à l’Égalité de la Somme

L’événement a commencé par quelques mots de notre président Cyrille Uhlrich accueillant les invités et le public, et témoignant son soutien à ce rassemblement. Marie Cécile Guyot, présidente du club Business & Professional Women Amiens Picardie, organisatrice de l’événement, animait le débat. Il n’a pas fallu longtemps pour qu’apparaissent un grand nombre d’exemples mettant en avant l’inégalité dans le sport professionnel. Que cela concerne la rémunération, les primes de victoire, la visibilité, les conditions des sponsors, il est indéniable qu’il reste beaucoup de chemin à parcourir. Valentine Roger a mis en avant un point important quant aux attentes des performances des athlètes. En ce qui concerne les hommes, on juge sur le potentiel et on les finance pour ce qu’ils pourront accomplir. Pour les femmes, il faut d’abord qu’elle prouve leur valeur,  ensuite elles seront financées avec comme attente qu’elle renouvelle le même « exploit ». Cette différence de traitement en dehors du montant des salaires est alarmante. L’athlète féminine évolue dans son sport avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête à la place d’encouragement.

On retrouve ce schéma dès le plus jeune âge dans le sport amateur. Erika Sauzeau est mère d’une fille et d’un garçon, elle a pu constater des différences auxquelles ils se confrontent dans le sport. A partir d’un certain âge les équipes mixtes n’existent plus et les attentes changent. Les garçons sont poussés vers la compétition, et les filles mises de côté et devant fournir davantage d’efforts pour poursuivre. Maylis Jeannest est revenue ensuite sur les tenues imposées dans certains sports, ce qui participe à l’arrêt de la pratique. Le problème étant qu’après abandon peu de femmes reprennent une activité sportive une fois adulte. Cette question de la tenue s’observe même à haut niveau : En juillet 2021, les joueuses norvégiennes de beach-handball se sont vues sanctionnées d’une amende par la Fédération européenne de handball pour avoir porté un short au lieu du traditionnel bas de bikini.

La question de la représentativité des femmes dans les médias, ainsi que la diffusion du sport féminin a également été abordée. Marie Cécile Guyot revient sur quelques chiffres significatifs : en 2021 le temps de parole des femmes était de 12% par rapport aux hommes d’après l’ARCOM. De plus en 2017 seulement 14 à 18% des retransmissions sportives en France concernent le sport féminin. Léandre Leber, en tant que journaliste et cofondateur du média sportif Gazette Sports est directement confronté à la diffusion du sport. Malgré la représentativité des femmes au-dessus de la moyenne nationale dans Gazette Sports, le nombre moindre d’événements et d’athlètes féminines par rapport aux hommes à haut niveau, participent également à ce manque de visibilité.

Pour finir, le sujet des violences dans le sport a été traité. Malheureusement aucune discipline n’est épargnée par ces violences, la cellule gouvernementale Signal-Sports a récolté de nombreux signalements, dont la presque totalité concerne des violences sexuelles. Il ne faut pas non plus oublier les violences verbales sexistes auxquelles sont confrontées les sportives dans les médias. Elles sont approchées en tant que femme et non en tant qu’athlète. Les sujets abordés apparaissent peu portés sur la performance sportive et les termes utilisés sont trop souvent inappropriés. Valentine Roger parle de sa colère quand elle se voit introduite dans des articles avec des expressions comme : « petit bout de femme », ce qui l’infantilise et montre le manque de considération pour sa qualité de sportive de haut niveau. Avec une amie judokate, elle a créé à Amiens l’association « à poings fermés », qui sensibilise  sur les violences à caractère sexuel et aux discriminations liées au genre.

L’événement s’est poursuivi par des échanges informels au cours d’un moment convivial proposé au public et aux invités.

Pierre Caron